Reprise directe du premier épisode oblige, les bases du scénario restent donc identiques dans ce Splatterhouse nouvelle génération. Vous incarnez donc Rick, un jeune étudiant venu rendre visite au fameux docteur West en compagnie de sa copine Jennifer. Malheureusement pour eux, ce dernier s'avère être complètement fou et enlève la jeune fille, laissant Rick considéré comme mort. Mais comme cela arrive souvent, un masque magique traîne dans le coin et décide de ressusciter ce dernier en lui conférant des pouvoirs gigantesques. Le tout en vue de desseins sombres et mystérieux. Bardé d'un scénario "ticket de métro", Splatterhouse, fonctionne donc comme son aîné, ne pouvant s'appuyer que sur son gameplay pour espérer exister. Mais là où le premier opus apportait une certaine originalité à son époque, ce remake fait lui exactement le contraire, quitte à chercher son salut à tout prix du côté de la facilité.
Beaucoup de sang pour rien
Afin de rester fidèle à ses origines, Splatterhouse prend comme cadre de fond l'horreur, voire le gore, en les poussant à des niveaux assez vertigineux. Une démesure sanglante qui semble jouer sur le second degré mais sans jamais savoir vraiment où aller. A la différence d'un MADWORLD qui esthétisait la violence et la mettait non seulement au service d'un message mais également d'idées de gameplay décalées et originales, le jeu de Bandai Namco Games est juste dans l'excès. Une sorte de gore spectaculaire très adolescent et un peu bête qui a comme unique finalité la lassitude et un certain dégoût après plusieurs heures de jeu. Pire, ce côté sanguinolent semble uniquement présent pour donner du cachet à un titre dont les mécanismes datés sont la preuve d'un manque profond d'inventivité. En retirant les litres, voire les décalitres de sang, il est possible d'apercevoir en effet un beat'em all pure souche qui repose sur un gameplay exploitant lui aussi l'hémoglobine. Ne disposant d'aucun objets de soin ou autres potions trouvées derrière un mur ou dans un couloir, Rick doit aspirer le sang de ses victimes pour remplir sa barre de vie. Une action qui ira piocher dans des réserves qui sont également nécessaires pour déclencher des attaques spéciales pas impressionnantes du tout. Un principe limité donc aux rouages habituels du genre qui arrive même à régresser sur certains points, notamment les fameux finish. Censées apporter une dose de spectaculaire avec un déchainement de puissance soudain, à la manière d'un God of War, ces exécutions, arrachages de bras et décapitations se font lors de séquences hors du jeu.
A la différence d'un MADWORLD qui esthétisait la violence et la mettait non seulement au service d'un message mais également d'idées de gameplay décalées et originales, le jeu de Bandai Namco Games est juste dans l'excès."
Dès qu'un ennemi est suffisamment affaibli, il est en effet possible de passer sur un fond noir mettant bien en scène la cruauté de l'action à grand renfort de QTE, avant de revenir à la zone de jeu. Une coupure qui casse totalement le rythme des affrontements, d'autant plus que ces mises à mort sont excessivement longues et très peu inspirées. Certes, ces dernières font leur petit effet sur les rares boss intéressants du jeu, mais manquent cruellement de renouvellement. A l'image de ces phases sur un plan 2D voulues comme des hommages au jeu d'origine qui ne cessent de reposer sur des situations identiques, qui plus est handicapées par une maniabilité pas franchement précise et une inertie vite pénible dans les phases de plates-formes ou d'esquives de pièges divers et variés. Autant pour le coup profiter des trois épisodes originaux qu'il est possible de débloquer dans votre avancée, finalement seul but acceptable de cette quête sanglante. Une aventure qui tente parfois de proposer une certaine variété en se servant de diverses interactions avec le décor, mais qui se résument à lancer toutes les créatures difformes sur des piques, dans des mâchoires, sous des presses, le tout pour débloquer l'accès à une autre zone. Du vu et revu qui ne se pare d'aucune couche d'intérêt supplémentaire. Oui, Splatterhouse est défoulant et permet de passer ses nerfs en martelant les trois touches d'actions principales, mais il s'en tient uniquement à ce constat. Un passe-temps pas très finaud, graphiquement daté et accusant des baisses de frame-rate régulières, et qui a donc du mal à être vu comme un divertissement. Reste alors une bande-son constellée de morceaux pêchus bien hardcores qui plairont aux amateurs tombés malencontreusement sur ce Splatterhouse. Comme avec le masque maudit, il est encore temps de dire non.