Test Retour sur l'Ile Mystérieuse 2

Avant de commencer l'aventure, le jeu nous propose de visionner un résumé très succinct de l'épisode précédent. Une idée simple, voire élémentaire, sur laquelle beaucoup de suites font étrangement l'impasse. Ici, les nouveaux venus  ne sont pas laissés pour compte et se voient brièvement présentés Mina, la jeune navigatrice échouée sur l'île mystérieuse, Jep, le singe qu'elle a recueilli, ainsi que les évènements ayant abouti à la découverte du Nautilus du Capitaine Nemo et à la désactivation du bouclier magnétique qui protégeait l'endroit des regards indiscrets. Ce second volet commence donc par l'arrivée d'un hélicoptère de secours, qui embarque Mina et Jep à son bord. Mais frappé par une bombe volcanique, l'engin se crashe au fond d'un lac laissant le pilote pour mort et la jeune fille évanouie. Cette péripétie permet d'appréhender immédiatement la principale nouveauté du titre : Jep est désormais un personnage réellement jouable et plus seulement un "outil" utilisable par Mina. Il peut donc se déplacer à sa guise, interagir avec le décor et même utiliser les objets de l'inventaire. Le réalisme en prend un coup puisque le primate se retrouve à transporter des vases, un jerricane d'essence, un fusil hors d'usage et des dizaines d'autres d'objets dans un sac ou des poches sans fond qu'il n'a même pas ! Une concession à la logique qui n'a finalement guère d'importance face aux avantages qu'elle procure. Le singe peut grimper à des endroits inaccessibles pour l'héroïne, la soigner quand le besoin s'en fait sentir et, surtout, communiquer avec ses congénères poilus. Lorsqu'il se retrouve face à un autre singe, Jep a accès à une palette de comportements (épouiller, intimider, amadouer, offrir, quémander...) qui influent directement sur l'humeur de son interlocuteur.

"Croquez cette pomme, jeune fille..."

L'autre nouveauté majeure, ou pas, concerne la compatibilité de certaines énigmes avec l'iPhone d'Apple. Cinq puzzles téléchargeables gratuitement sur l'Apple Store peuvent ainsi être résolus par le joueur où et quand il le souhaite. Il n'a plus ensuite qu'à synchroniser son téléphone avec le PC pour que leur résolution soit validée dans le jeu. Une idée plutôt novatrice et forcément sympathique au premier abord, mais qu'il convient de tempérer de deux manières. Tout d'abord, la plupart des mini-jeux sont très courts, ce qui limite l'intérêt du procédé. Et surtout, les joueurs qui ne possèdent pas le sacro-saint "balaphone" voient apparaître pendant quelques secondes un visuel de l'objet sur leur écran à cinq reprises. Cette signalétique, pas vraiment cohérente avec le statut de naufragée sur une île coupée du monde, finit par faire penser fortement à un placement produit maladroit... Rien qui ne remette en cause les fondamentaux du jeu toutefois. On peut même reprocher à ce second volet de parfois trop se reposer sur ses acquis. Certes, les références à la première aventure permettent aux anciens joueurs de se rafraîchir la mémoire, et aux nouveaux venus d'éclaircir d'éventuelles zones d'ombre. Mais le concept d''unité (de lieu, de temps, de personnages...) a été poussé un peu trop loin. Nous sommes en présence des mêmes héros qu'il y a quatre ans, sur la même île, face à des énigmes du même acabit ; du moins pendant une bonne partie du jeu. Il faut attendre plusieurs heures avant de débloquer des endroits de l'île inexplorés précédemment. L'inévitable impression de déjà-vu qui en découle est renforcée par une absence de réels progrès graphiques. La faute à un moteur de type Omni3D, forcément vieillissant. Cette technologie, qui impose un déplacement haché car prédéfini et autorise une vue à 360° à chaque point d'arrêt, était déjà utilisée dans les jeux d'aventure de Cryo au siècle dernier ! Après avoir goûté à la liberté de déplacements qu'offre une vue subjective en véritable 3D temps réel (dans Sherlock Holmes contre Jack L'Eventreur par exemple), c'est un peu rude. Reconnaissons tout de même qu'un tel système n'aurait pas simplifié la recherche des nombreux objets cachés dans le décor. Car comme son prédécesseur, Retour sur l'Ile Mystérieuse 2 fait la part belle au principe d'inventaire combinatoire. On collectionne les objets par dizaines, presque par centaines puisque le tableau d'inventaire comporte 196 cases, et de nombreuses associations sont permises. Jusqu'à cinq éléments peuvent être requis pour confectionner un nouvel objet ! Cette profusion rend stérile la plupart des essais hasardeux et impose de réfléchir avant d'agir. C'est en quelque sorte la marque de fabrique et la plus grande qualité du jeu, qui nous a tout de même semblé un peu plus linéaire que le premier épisode et impose à l'occasion quelques allers et retours franchement artificiels. Heureusement, l'ambiance exotique reste toujours aussi agréable. Il y a pire décor que celui d'une île tropicale, surtout lorsqu'elle est mise en valeur par une musique sympathique (qui rappelle par moments celle de Lost) et des cinématiques plaisantes. Celles-ci prennent la forme d'une bande dessinée sonorisée, dont le trait rappelle quelque peu celui de François Bourgeon dans Les passagers du vent. Les connaisseurs apprécieront.