Depuis 1991 et cette scène d'introduction mémorable dans Terminator 2 de James Cameron, on rêvait de voir à l'écran un film se déroulant intégralement pendant la guerre contre les machines. C'est ce que proposera Terminator Renaissance le 3 Juin prochain, lors de sa sortie dans les salles. Dans le jeu vidéo, cela fait belle lurette que les fans du film (et accessoirement de scénarii post-apocalyptiques) ont pu se propulser dans le futur pour aller se frotter aux grosses machines de Skynet, grâce à quelques titres sortis sur PC au début des années 90 (par exemple, Terminator 2029, SkyNet ou encore Future Shock). Mais comme cet univers sombre, mécanique et bien destroy est resté dans nos petits cœurs de fanboys comme la référence du genre, c'était avec une impatience, pleine d'appréhension certes mais non dissimulée, que nous attendions de voir débouler un jeu vidéo tiré du quatrième film de la franchise. C’est désormais chose faite.
Le Jugement Dernier
A vrai dire, Terminator Renaissance ne reprend pas la trame exacte du film de McG. Ca tombe bien, on ne voulait pas être spoilé. L'action du jeu se déroule deux avant celle du film, en 2016 plus exactement. John Connor est à la tête d'un petit escadron de la résistance humaine et va devoir aller secourir des collègues, pris au piège dans un périmètre de Los Angeles, contrôlé par les machines. Manque de pot, la mission ne se passe pas comme prévu, et notre héro du futur devra toute de même arriver à ses fins en appliquant la plus élémentaire des règles dans toute bonne guerre qui se respecte, à savoir tirer sur tout ce qui bouge. Au programme donc, un bon vieux TPS à la Gears of War, dans lequel vous devrez traverser une dizaine de niveaux en transformant en boîte de conserve tous les ennemis qui vous feront face. Hélas, trois fois hélas, si sur le papier, l'idée même d'incarner John Connor dans un futur en ruine pouvait séduire, il faut bien avouer qu'une fois la manette en mains, notre plaisir est de courte durée. Premier constat et pas des moindres, l'action de ce Terminator Renaissance est molle, la faute à trois défauts majeurs : le gameplay ultra limité, le level design, linéaire au possible, et le manque de variétés dans les affrontements. Durant les 4 à 5 petites heures que demandera le jeu (si vous allez au bout du soft), mis à part quelques inévitables séquences en rail shooter à l'arrière d'un camion ou aux commandes d'un robot géant, vous passerez votre temps à aller à pied de battle-zones en battle-zones pour éliminer des vagues successives d'ennemis. Enfin, vaguelettes dirons-nous plutôt, car même au plus fort du combat, ce ne sera qu'une demi-douzaine de robots, grand maximum, qui vous feront face. Et pour les vaincre, il faudra toujours s'y prendre de la même manière : se planquer derrière des éléments de décor pour les prendre à revers et leur tirer dans le dos.
...car même au plus fort du combat, ce ne sera qu'une demi-douzaine de robots, grand maximum, qui vous feront face. Et pour les vaincre, il faudra toujours s'y prendre de la même manière : se planquer derrière des éléments de décor pour les prendre à revers et leur tirer dans le dos."
La dynamique de votre personnage, lorsqu'il passe d'une planque à l'autre, est certes très fluide et assez instinctive, le côté "survie" est bien présent (puisque l'on sentira quand même la différence de puissance entre les Humains et les colosses d'acier), mais on ne pourra que blâmer les développeurs de ne pas avoir offert à ce Terminator Renaissance des phases de combat plus variées. Et un panel d'ennemis plus nombreux aussi, car au final, on aura recensé dans le jeu que cinq types de robots différents ! Autant vous dire qu'une fois qu'on aura compris comment les faire sauter, le jeu se montrera vite répétitif... Et plus encore lorsqu'on se sera rendu compte que les environnements du jeu ne varieront presque pas du début à la fin. Des immeubles en ruines, des voitures brûlées, des routes explosées, un petit entrepôt à la fin du jeu, et puis c'est tout. De même, il ne faudra pas espérer trop de liberté de mouvement, puisque tous les niveaux ne contiendront qu'un seul et unique chemin, dans lequel tous les passages d'action surviendront de manière on ne peut plus scriptée. Bref, deux décors, cinq méchants, des niveaux linéaires ne laissant pas de place à de quelconques séquences d'explorations, les graphistes n'ont pas dû avoir la vie dure sur ce jeu. D'autant que si le titre de GRIND Studios est plutôt agréable à l'œil, il faut souligner aussi que l'ensemble manque cruellement de détails et de profondeur, que ce soit au niveau des personnages que dans les environnements.
Hasta la Visa, Baby !
Difficile dans ce cas-là de rentrer pleinement dans cette aventure à l'histoire pas vraiment palpitante (les cinématiques, très mal fichues, sont ennuyeuses au possible) qui brille aussi, il faut le dire, par l'absence de Christian Bale pour prêter ses traits et sa voix à John Connor. Les autres protagonistes du film sont là, pas lui, et il est remplacé au pied levé par un sidekick de seconde zone, pas charismatique pour deux sous. Dur dur de voir le fameux leader de la résistance bâclé de la sorte. Et puisque nous en sommes à parler de nos acolytes, il faut savoir que vous ne serez pas seul dans cette aventure. Malheureusement, serions-nous tenté de dire, s'il est toujours agréable d'avoir de la compagnie pour casser du T-600, il en va autrement lorsque la compagnie en question à l'intelligence d'une huitre. A chaque fois que vous aurez l'opportunité d'éliminer un robot sans vous faire remarquer (en le prenant par derrière comme expliqué plus haut), il faudra toujours qu'un de vos bourrins de compères fonce dans le tas comme une première ligne de rugby, comme pour s’attirer les foudres de Skynet sur votre petite personne. Il y a vraiment des friendly fire qui se perdent ! Mais comme les machines en face ne seront guère plus évoluées niveau de l’I.A. (les cyborgs se laissent souvent canarder comme des buses sans bouger d'un boulon) le préjudice ne sera pas trop important. Finalement, la courte durée du jeu est peut-être l’un de ses plus gros atouts, car en toute honnêteté, on se serait mal vu passer plus de cinq heures (dont une demi-heure d'insupportables temps de chargement, qui viennent casser le rythme toutes les dix minutes) sur un titre aussi médiocre.