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Test également disponible sur : DS

Test Suikoden Tierkreis

Test Suikoden Tierkreis
La Note
15 20

Sabordé en un sens par son patronyme, Suikoden Tierkreis aurait dû prendre exemple sur son héros et avancer sans nom ni passé. Ressemblant sous bien des aspects au mal-aimé Suikoden 3, Tierkreis sacrifie son héritage au profit d'une simplification déroutante mais convaincante. Certes, nous ne sommes plus devant un bon vieux Suikoden, mais devant une version sans doute adaptée à son temps et à son format, gardant tout de même le caractère de ses pairs. Reste à savoir ce qui est plus important pour vous.


Les plus
  • Une réalisation 2D exceptionnelle
  • Une bande-son fabuleuse
  • Un gameplay solide
  • Un chara-design très inspiré
  • Une durée de vie très correcte
  • Un doublage américain convaincant
  • Bonne traduction malgré quelques fautes
  • Les cinématiques animées
Les moins
  • Des lourdeurs dans la gestion de l'équipement
  • Une 3D inutile et peu réussie
  • Des villes découpées
  • Manque certain de profondeur
  • Ce n'est plus vraiment un Suikoden
  • La fréquence des combats aléatoires


Le Test

Resté dans le coeur des joueurs grâce à un excellent Suikoden V, ayant réussi le miracle de faire oublier un quatrième opus particulièrement mauvais, Konami a attendu trois ans pour nous redonner la possibilité de pénétrer dans le monde de Suikoden. La nouveauté est que désormais il est nécessaire d'y rentrer par la petite porte, DS oblige. Est-ce que cette réduction a pu avoir des effets néfastes sur la grandeur épique habituelle de la saga ? Il semblerait bien que les 108 étoiles veillent au grain.


Entrée en matière habituelle de la série, vous débutez dans la peau d'un jeune homme sans véritable passé visible et à qui vous devez trouver un patronyme. Première surprise, certains noms sont interdits. Deuxième surprise : votre avatar, tout de pixels vêtus, possède la parole et ne se gène pas pour en abuser. Il est en effet étonnant, dans une série connue pour le mutisme presque dogmatique de ses héros (à part celui du troisième opus), de nous offrir une vraie pipelette, inconscient du danger et avide de bons mots. Ce qui ne l'empêche pas néanmoins de se trouver confronté à des événements qui vont le dépasser, et à se voir conférer une place de chef de guerre. Reprenant le principe des mondes parallèles, déjà un tantinet esquissé dans certains opus de la saga, Suikoden Tierkreis le met, quant à lui, au centre de son propos en faisant reposer toute sa trame sur l'existence de ces univers mystérieux. Confronté au fataliste Ordre, sorte de groupe religieux, imposant au peuple une vision de l'avenir prédéterminée et immuable, vous devrez créer des alliances avec les royaumes résistants de votre monde, mais également avec ceux d'autres univers, faisant face à des tensions similaires. Fresque géopolitique mondiale mais également dimensionnelle, Suikoden Tierkreis repose de ce fait sur des trahisons, des choix cruciaux et des impératifs politiques, tout en proposant un scénario bien moins "sombre" qu'à l'accoutumée. Ce qui n'empêche pas le titre de réserver un bon nombre de rebondissements, plus ou moins prévisibles, mais suffisamment dignes d'intérêt pour pousser le joueur à poursuivre l'aventure aux côtés de personnages très attachants, et pour la plupart disposant d'un background assez fouillé. C'est ici que commence une quête des 108 étoiles surprenante. Car à nouveau monde, nouvelles habitudes.

 

Le Suikoden parallèle

 

Les adorateurs inconditionnels de la saga de Konami risquent en effet d'être très surpris par la tournure de cet épisode DS. Conservant l'ambiance, les spécificités de base qui définissent un Suikoden, le soft apporte néanmoins un remaniement assez imposant aux rouages intemporels de la série. Suivant la voie du quatrième volet, Suikoden Tierkreis repose sur des combats incluant quatre personnages au lieu des 6 habituels. Le jeu conserve toutefois la présence d'un soutien, inopérant pendant les batailles mais conférant un bonus à l'équipe. Cette diminution d'effectif pourra choquer les puristes, mais reste dans les faits un choix plutôt pertinent, tant les batailles manquent d'un certain dynamisme et d'un véritable challenge. Car lorsqu'une facilité générale assez déconcertante rencontre des combats aléatoires (à la fréquence proche du délire), il n'en ressort rien de bien constructif. Fort heureusement, il est toujours possible de faire appel à l'attaque automatique, afin d'éviter le choix rébarbatif des commandes pour chacun des protagonistes. Seuls les boss et quelques ennemis exceptionnellement puissants, vous demanderont d'appliquer une vraie stratégie et de vous servir de vos marques des étoiles, afin de déclencher des pouvoirs spécifiques plus ou moins dévastateurs. Car dans son entreprise de détachement conscient de la saga, Suikoden Tierkreis laisse de côté les classiques runes au bénéfice d'un système de magie plus convenu. Frappés par la "marque des étoiles" après avoir touché un livre magique, les divers personnages possèdent des capacités spéciales se diversifiant au gré des autres ouvrages effleurés. D'un type particulier, elles doivent être classées et gérées précisément, vos guerriers ne disposant que de quatre emplacements destinés à accueillir ces pouvoirs. Si cette façon de procéder ne diffère pas complètement de l'équipement (également limité de runes sur chaque individu), la manière de s'en servir est, elle, bien plus prosaïque.

 

Suivant la voie du quatrième volet, Suikoden Tierkreis repose sur des combats incluant quatre personnages au lieu des 6 habituels."

 

En effet, vous possédez désormais des points de magie – ou MP dans le jargon – et non plus d'un nombre d'utilisations bridé d'actions magiques. Ce système agit pour beaucoup dans la courbe de difficulté très faible du soft, puisque certains coups particulièrement puissants pouvent être utilisés dans des proportions trop élevées, ne sacrifiant qu'un faible nombre de MP. Le point positif de cette aisance dans la progression est bien évidemment de pouvoir se laisser happer tranquillement par le rythme très agréable du développement de l'histoire. Les "donjons" s'avérant relativement étendus et labyrinthiques, la courte durée des affrontements évite au moins de ressentir une impression de laborieuse frustration, à défaut de prendre un réel plaisir ludique dans le feu de l'action. Autre nouveauté, ou plutôt disparition, les duels à base de QTE ne font plus partie du casting ludique de ce Suikoden Tierkreis. Remplacés par de simples combats lambda, introduits par une courte saynète, ces derniers conservent bien évidemment leur importance scénaristique particulière, mais laissent malheureusement de côté l'aspect intense du mano a mano, ainsi que la mise en scène spéciale de rigueur. Un choix dommageable, qu'il aurait été possible de minimiser avec la présence des légendaires combats de masse type RTS propres à la saga, confrontant des armées entières dans une ode à la stratégie épique et puissante. Un conditionnel de mise, car celles-ci ont également disparues. Certes, il vous incombera parfois de repousser des vagues d'opposants en formant des groupes distincts, mais vous n'aurez jamais le plaisir de fouler de grands champs de bataille. Des lacunes impardonnables pour les puristes et qui enlèvent nettement de la profondeur au soft. Mais à bien y réfléchir, ces soucis ne font pas de ce Suikoden Tierkreis un mauvais titre, très loin de là. Car sous le titre Suikoden, se cache également un RPG.

 

L'aventure avant tout

 

De ce corps mutilé de Suikoden, il reste le principal, à savoir un cœur bien vivant. En effet, si Suikoden Tierkreis s'est aventuré dans une route moins touffue, perdant l'enrobage de toute sa lignée, il a tout de même conservé cet appel à l'aventure, cette ambiance si particulière qui fait l'originalité de la saga. Mettant clairement l'accent sur le voyage, Suikoden Tierkreis vous fera découvrir des lieux aux inspirations très diverses, bien plus que dans les précédents opus. Chaque région, chaque ville possèdent un caractère architectural défini avec précision et comportent une atmosphère palpable. Brassant des inspirations arabisantes, grecques, nordiques, européennes, le titre offre un véritable dépaysement à chaque expédition, du moins dans les limites qui lui sont imposées. Le monde restant sous la forme d'une carte/interface sur laquelle on se déplace d'un simple mouvement de curseur et les villes se limitant à de simples quartiers à la Last Remnant. Un choix favorisant une certaine linéarité mais évitant tout de même certains allers-retours fastidieux, gorgés de combats aléatoires jusqu'à l'écœurement, comme c'était parfois le cas dans Suikoden V. Pour autant, cela ne vous empêchera pas de passer de longues heures à tenter de recruter les 108 étoiles du destin, dont l'adhésion à votre cause dépendra d'une part de certaines missions effectuées, et d'autre part de la présence ou non d'un personne particulière à vos côtés. D'autant qu'il vous faudra aussi prendre compte la saison dans laquelle vous évoluez.

 

En effet, les personnages peuvent porter n'importe quelle arme et ne sont plus soumis au passage obligé de la forge pour améliorer leurs caractéristiques."

 

Censé avoir des influences sur les monstres rencontrés, le système des saisons n'est au final qu'un petit plus sympathique sans grande utilité, ne modifiant que peu l'expérience de jeu, qui se suffit par ailleurs largement à elle-même. Centrée sur un schéma de base bien old school, celle-ci oublie ses origines et se contente de s'avérer simplement carrée, agréable et sans mauvaises surprises, faisant de Suikoden Tierkreis un bon RPG, à défaut d'être un vrai Suikoden. Car si l'absence de carte du monde véritable peut paraître un frein à l'exploration, le titre de Konami balaie ce défaut d'un revers de main en proposant un système de missions à la Final Fantasy XII plus qu'imposant, incluant autant vos objectifs principaux que vos quêtes annexes. En sachant que ces missions peuvent vous permettre de recruter au moins indirectement une cinquantaine de personnages, il faudra vous investir de longues heures si vos désirez accomplir la recherche mythique des 108. Certaines de ces tâches pourront néanmoins être confiées à un détachement, vous autorisant à continuer l'aventure sans forcément sacrifier votre temps. Fonctionnant sur le principe de Final Fantasy Tactics Advance, ces dernières se déroulent sur un nombre de jours définis, s'écoulant dès que vous effectuez un voyage sur la carte et permettent de récolter énormément d'argent ainsi que des armes difficiles à trouver dans le commerce. Vous ne serez donc jamais bien longtemps séparé de vos hommes, ni même de votre demeure.

 

Oh mon château !

 

La base est un des éléments majeurs de la mythologie Suikoden, et Suikoden Tierkreis ne déroge pas à la règle malgré ses infidélités. Commençant sous la forme d'un vulgaire tas de ruines sans vraiment d'utilité, elle deviendra rapidement un QG très pratique dans lequel vous accueillerez de nouvelles recrues au fur et à mesure de vos rencontres. Si certains compagnons se joindront à vous en combat, d'autres resteront bien tranquillement derrière ces lourds murs de pierre afin d'exercer divers métiers. Vous aurez donc rapidement à votre disposition des vendeurs d'objets, un médecin, une aubergiste, etc., sans oublier un forgeron qui n'a dans cet épisode qu'une maigre importance. En effet, les personnages peuvent porter n'importe quelle arme et ne sont plus soumis au passage obligé de la forge pour améliorer leurs caractéristiques. Dans cette même volonté de simplification générale, votre QG n'est que très peu modifiable, comportant d'ailleurs un nombre étonnamment restreint de pièces. C'est avec ce dernier exemple que l'on se rend bien compte de la volonté de Konami avec ce Suikoden Tierkreis, à savoir mettre en avant le jeu pour le jeu, sans chercher de complications. Ce Suikoden ce veut avant tout accessible, diffusant une immense aura de sympathie et se révélant convaincant dans sa sobriété. Plus qu'un spin-off, Suikoden Tierkreis semble être l'amorce d'un nouveau pan de la saga, à destination unique de la portable de Nintendo, tant il remet en cause les bases de la série. 

Souligné par une bande-son d'une qualité ahurissante, portée par un Masaharu Iwata (Final Fantasy Tactics, Baroque), un Norikazu Miura (Suikoden) et un Yoshino Aoki (Breath Of Fire 3 et 4) dans une forme olympique, tout en s'affranchissant quasiment du processeur sonore limité de la DS, Suikoden Tierkreis parvient à se créer sa légitimité. Certes, il n'a plus de Suikoden que le nom, voire quelques petites spécificités ça et là, mais le soft de Konami contient encore et toujours cette part d'âme qui fait la force de la saga. Grâce à cette petite lueur faite d'aventure, d'une quête dantesque, d'un scénario aux multiples enchevêtrements et d'un casting des plus attachants, Suikoden Tierkreis réussit sans mal à s'imposer comme un bon RPG dont le plus gros défaut est de porter un nom qui ne lui correspond plus. Mais malgré cet anonymat étrange, sous ces lunettes noires mal agencées, on retrouve des qualités qui ne trompent personne. De fait, il reste une question, à quand un Suikoden VI ?






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Suikoden Tierkreis

Jeu : RPG
Développeur : Konami
12 Mar 2009

Les vidéos
 
Suikoden Tierkreis - Story Trailer
Suikoden Tierkreis - Gameplay Suikoden Tierkreis - Gameplay
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