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Quête tout aussi personnelle qu'universelle, la trame de Dragon Quest : La Fiancée Céleste place le jeune héros que vous incarnez face à une aventure qui s'étendra sur plusieurs générations, passant par les principales étapes de la formation d'un être humain : la prime jeunesse fougueuse, une adolescence propice à l'accomplissement de hauts faits et enfin l'âge adulte, fin d'une époque et début de l'enseignement de la sagesse. Mais plus qu'une simple évolution des statistiques et de l'apparence physique, cette notion implique également des choix, des modifications qui entraîneront chacun des héros dans des sphères particulièrement éprouvantes. Chaque pas est guidé par un destin qui ne se dévoilera pleinement que durant les dernières heures, conférant à Dragon Quest : La Fiancée Céleste une aura aventureuse de légende oubliée, qui fait pour le moment défaut à nombre de productions actuelles. Car malgré ses rouages grinçant quelque peu, le souffle de l'exploration, l'appel de la quête bénéficient encore aujourd'hui d'une force d'attraction forçant le respect.
Toi aussi mon fils
Après un prologue émotionnellement immersif et parfaitement maîtrisé, Dragon Quest : La Fiancée Céleste vous projette seul dans un environnement hostile, vous obligeant à considérer les ennemis non pas uniquement en tant que tel, mais également en tant qu'alliés potentiels. Possédant la capacité de converser avec ces derniers, votre avatar peut même intégrer le plus insignifiant des slimes dans l'équipe, chargé de sauver le monde. Les créatures présentes aux côtés du héros à la cape violette sont d'ailleurs soumises au mêmes règles de progression et de "customisation", acquérant des niveaux au fur et à mesure de votre avancée et pouvant être équipées d'armes et d'armures en accord avec leur type. Une idée très intéressante qui, tout en préfigurant ce que vont être les Pokémon, devient rapidement l'un des points d'attention principaux du jeu, tant elle attire le joueur dans une sorte de laboratoire ludique de monstres plus ou moins gluants. Sa force réside moins dans le nombre assez impressionnant de créatures prêtes à se joindre à vous, que dans la nécessité de pratiquer littéralement des phases de test dans le but de découvrir les talents cachés de vos protégés. Car ce n'est pas parce qu'un dragon en impose qu'il vous sera plus utile qu'un champignon ridicule, pouvant néanmoins empoisonner une légion entière d'opposants. Donnant son meilleur seulement à ceux qui tentent de lui extirper, Dragon Quest : La Fiancée Céleste est certes un compagnon difficile mais mérite cet effort. Les longues phases empiriques de dressage de monstres, ainsi que la difficulté à les recruter (due à une part d'aléatoire plus qu'importante) crissent un tantinet sous la dent, malgré de grandes bouchées de plaisir mais sont aisément épicées par le plaisir de la collection et surtout de la découverte.
Donnant son meilleur seulement à ceux qui tentent de lui extirper, Dragon Quest : La Fiancée Céleste est certes un compagnon difficile mais mérite cet effort."
C'est pourtant entouré de ces improbables alliés/ennemis que vous trouverez également celle qui sera le point de départ d'une nouvelle génération et d'un nouveau chapitre dans votre aventure et votre vie, à savoir une demoiselle plus ou moins en détresse. A choisir parmi trois prétendantes, cette dernière influencera quelque peu la future destinée de votre enfant commun. Entendez par-là la couleur de ses cheveux. Ne vous attendez donc pas à entrevoir un quelconque système digne de Phantasy Star 3 voire de Dragon Valor dans une déjà moindre mesure, mais plutôt une simple déclinaison symbolique sans grand intérêt. En revanche là où le choix de votre douce et tendre pourra vous apporter un véritable plus, c'est paradoxalement durant les combats. Si risquer la vie de votre dulcinée ne vous effraie pas, chacune d'entre elles possèdent des compétences offensives particulières qui pourront vous être d'une grande aide, notamment Deborah, nouvelle venue aux capacités de soutien réellement pratiques en pleine bataille. Reste que le simple fait de vivre une quête sur deux générations confère à cette dernière une très grande densité, donnant le sentiment de ne pas simplement faire partie d'un groupe de héros lambda mais bien d'une épopée dépassant le cadre d'une vie. Et comme dans toute grande quête initiatique, il est nécessaire de faire des sacrifices et de laisser derrière soi tout ce qui pourrait ralentir la progression. D'où l'existence d'un refuge pour vos créatures, dans lequel vous pourrez laisser aux mains d'un dresseur la majeure partie de vos alliés aux crocs affûtés, ne gagnant en revanche plus d'expérience. Ces derniers ne pouvant pas tous rentrer dans votre minuscule chariot, pouvant déjà accueillir 8 occupants. Ce qui est amplement suffisant pour parer à toute situation.
Des vestiges actuels
Composée de quatre intervenants au lieu des trois de la version originale, votre équipe participant aux combats peut à tout moment être restructurée en puisant dans le quatuor restant dans le chariot, et ce même durant les affrontements. Un principe très pratique à l'utilisation mais demandant évidemment une grande attention sur la conception de son groupe et son homogénéité. Son autre grand avantage est d'amoindrir un tantinet la difficulté plutôt sévère de ce Dragon Quest, qui réserve des combats contre des boss épiques, non pas pour leur importance ou leur mise en scène, mais pour la puissance disproportionnée de nombre d'entre eux. D'autant que, tradition oblige, il vous est impossible de sauvegarder au milieu d'un donjon, cette action étant limitée aux églises ou à la carte du monde par le biais d'une sauvegarde rapide, qui oblige à éteindre votre machine. Une préparation sérieuse est de fait plus que conseillée et la profondeur abyssal de votre sac d'items commun ne sera pas de trop devant les masses d'herbes de soins qui y trouveront refuge. La survie sera donc votre principale source d'inquiétude, point qui pourra en éloigner plus d'un des terres de Dragon Quest : La Fiancée Céleste. Car peu de choses sont présentes pour contrebalancer cette âpreté.
S'il est toujours aussi agréable de laisser l'esprit combler les ellipses et enjoliver les événements, il est également nécessaire de bien avoir en tête que le titre de Square-Enix, sous sa belle robe de 3D, est tout sauf accessible."
Les écrans de combat restent désespérément vides, malgré une animation des ennemis revue à la hausse depuis le précédent remake, simplement émaillés de quelques effets bien maigrelets. Une austérité bien mal à propos, surtout avec un Chrono Trigger en face, alignant des combats bien plus agréables visuellement parlant, et plus en accord avec l'ensemble des productions actuelles. D'autant que le titre se révèle totalement paradoxal en son sein même. Affichant en effet une 3D de grande qualité dans ses décors, autorisant des rotations sans aucun ralentissement désormais, il serait légitime d'attendre le même souci du détail et de la performance graphique lors des affrontements. Ces derniers demeurent donc relativement plats et peinent à enthousiasmer, ce qui ne serait pas un problème majeur si la fréquence d'apparition des opposants n'était pas aussi élevée. Tout est alors une question d'investissement personnel. Dragon Quest : La Fiancée Céleste est très exigeant et demande bien plus que de l'imagination. S'il est toujours aussi agréable de laisser l'esprit combler les ellipses et enjoliver les événements, il est également nécessaire de bien avoir en tête que le titre de Square-Enix, sous sa belle robe de 3D, est tout sauf accessible. Toutefois, si vous parvenez à passer outre ses reliques du passé rebutantes, vous découvrirez l'un des titres les plus marquants de la saga et l'une des expériences rôlistes les plus convaincantes sur DS. Car là où Dragon Quest IV manquait cruellement de fond à l'époque et tournait quelque peu en rond, Dragon Quest V marquait un vrai pas en avant dans la maturité. Tout est une histoire de génération. L'histoire se répète.
