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Test également disponible sur : PS3

Test Valkyria Chronicles

La Note
16 20

S'il n'avait pas pêché par ses maladresses narratives, Valkyria Chronicles aurait sans conteste pu faire partie de la catégorie des très grands. Avec son esthétisme au charme délicieusement nostalgique, le titre de SEGA marque clairement une rupture avec les autres productions du genre, et se pose comme témoin d'une avancée dans le Tactical-RPG. Une volonté d'aller de l'avant qui se retrouve au niveau du gameplay, avec un mélange action / tactique addictif, particulièrement bien pensé, et qui permettra peut-être à un public réfractaire à ce type de jeux de s'intéresser à cette très bonne exclusivité PlayStation 3. Les puristes, eux, n'ont aucune excuse de le louper.


Les plus
  • Visuellement admirable
  • Missions variées et parfois bien tendues
  • Gameplay hybride particulièrement réussi
  • Consistant en dehors de la quête principale
  • Présence du doublage original
  • Scénario efficace...
Les moins
  • ...mais qui pêche parfois par sa mièvrerie
  • I.A. un peu grugeuse
  • Pas de traduction française


Le Test
Genre seulement apprécié par une toute petite niche de joueurs, le Tactical-RPG ne s'est jamais fatigué pour s'attirer les faveurs de la foule. Austère, lent, souvent intransigeant, peu concerné par les avancés technologiques, le pauvre genre pouvait souffrir de tous ces "défauts" sans que l'on trouve à redire. Pionnier en la matière avec sa série Shining Force, SEGA s'est retroussé les manches pour faire avancer le schmilblick. Résultat : la firme de Haneda nous livre avec Valkyria Chronicles une revisite du style aussi somptueuse d'un point de vue visuel, qu'ouverte et accessible en termes de gameplay.

Il est de ces carrières qui semblent toutes tracées, et d’autres qui tiennent du véritable rôle de composition. Fils d’un héros de guerre, Welkin fait partie de cette seconde catégorie. Passionné de sciences naturelles et grand amoureux de tout ce qui les compose, le jeune homme est obligé par les temps qui courent de s’ériger en leader d’une escouade militaire. Bien que pacifiste, sa petite terre natale de Gallia joue un rôle géo-stratégique prépondérant dans le confit qui oppose la Fédération de l’Ouest au méchant Empire de l’Est, obligeant la population à participer à l’effort de guerre. Avec son tempérament résolument optimiste et jovial, il ne faut pas attendre de Welkin à ce qu’il déjoue un complot nucléaire sorti tout droit de l’imagination fertile de Tom Clancy, loin de là. En bon jeu japonais, Valkyria Chronicles n’hésite pas à faire appel à une civilisation perdue en plein coeur d'une Europe des années 30 revisitée, au savoir et au pouvoir naturellement désirés des Orientaux malintentionnés. En s'inspirant des grands codes de la narration made in Japan, SEGA n'a pas pris de gros risques pour nous obliger à aligner les batailles, même si l'on déplorera, comme souvent dans les productions nippones, un manque de maturité dans le traitement narratif. Sans verser dans la niaiserie outrancière, le scénario se démarque maladroitement par les thèmes abordés (surtout le racisme envers les Darcsens), ce qui est d'autant plus dommage que le reste du jeu est véritablement chiadé. D'ailleurs, la première chose qui frappe dans cette uchronie typiquement japonaise est le traitement visuel imaginé par les artistes de SEGA. Admirablement soutenu par le Canvas Engine, un moteur maison, il offre un des rendus graphiques les plus étonnants et les plus réussis depuis l’avènement de la haute-définition. Délicat mélange de cel shading, d’aquarelle et d’esquisse au fusain, il révèle tout son potentiel lorsque les différents tableaux composés se mettent en mouvement, lorsque l'univers de Gallia prend vie. Avec son architecture du début du XXème siècle, ses nombreux décors naturels, son goût pour l'ésotérisme et ses personnages aux gueules toutes uniques (certains s'amuseront même à reconnaître Vyse et Aika de Skies of Arcadia), Valkyria Chronicles revêt parfois des airs d'une bonne vieille production Ghibli, à laquelle on aurait ajouté un cachet vintage du plus bel effet. Soucieux du détail, les développeurs ont même poussé le vice jusqu'à "vieillir" les contours de l'écran, comme s'il s'agissait des pages d'un vieux grimoire sur lequel le temps aurait eu son effet. Une représentation aussi originale que justifiée, les chroniques de Valkyria étant conté au travers d'un gros livre imagé. Malheureusement, on regrette que les compositions de Hitoshi Sakimoto ne soient pas aussi mémorables.

 

L'enfer de la guerre... ou pas

 

Pour innover, Valkyria Chronicles ne se contente pas de séduire nos pupilles en jetant de la poudre aux yeux. Aussi bien armé sur le plan ludique, il nous livre une vision inédite du Tactical-RPG, où se mêlent plus ou moins habilement tour par tour, temps réel, stratégie, et éléments d’action pure, ce qui mine de rien nous oblige à revoir nos habitudes. Fort logiquement, le traditionnel découpage de la map en damier est oublié au profit d’une liberté totale, où les mouvements sont seulement bridés par une jauge de déplacement propre à chacune de nos unités. Mais là où un Phantom Brave demeurait plus conservateur en nous proposant d’annuler toute fausse manœuvre, Valkyria Chronicles se montre beaucoup plus intransigeant en comptant chacun de nos pas, ce qui signifie que chaque centimètre consommé sur la jauge de déplacement est définitivement perdu. Il est donc impératif de tirer parti des nombreux éléments du décor – sacs de sable, tranchées, hautes herbes, etc. – pour ne pas se retrouver planter à la vue de tous après avoir mal calculé son coup. Certainement programmé pour renforcer l’aspect “action” du titre et annihiler toute stratégie sournoise – type on s’engouffre le plus loin possible sur le terrain pour repérer les ennemis, puis on annule pour se préparer en conséquence –, ce facteur est tout de même aidé par les Command Points qui nous permettent de prendre le contrôle du même personnage plusieurs fois d’affilée. S’il est bien découpé en tour par tour, avec notamment une phase de jeu dédiée aux ennemis puis une autre aux joueurs, Valkyria Chronicles n’impose pas d’effectuer une opération avec chacun des membres de son équipe. En effet, chaque CP consommé correspond au mouvement d’un personnage – pour leur part, les tanks en consomment deux –, ce qui permet d’agir plus ou moins selon son bon vouloir, de donner des ordres généraux, et même d’économiser ces précieux points en prévision du tour suivant. Une excellente idée qui permet d’achever en plusieurs temps un adversaire coriace, ou encore de battre en retraite en cas de situation critique. Cela dit, la contrepartie veut que la capacité de déplacement maximale s’amenuise à chaque tour pour devenir quasi-nulle et nous pousser à utiliser d'autres protagonistes.

Délicat mélange de cel shading, d’aquarelle et d’esquisse au fusain, il révèle tout son potentiel lorsque les différents tableaux composés se mettent en mouvement, lorsque l'univers de Gallia prend vie."

Toujours dans une volonté de briser le côté calculateur inhérent aux Tactical-RPG et de renforcer la parenté de son titre avec le Third Person Shooter, SEGA a intégré d’autres facteurs qui nous obligent à composer avec les forces et les faiblesses de nos troupes. Pour commencer, il est impossible de naviguer librement sur la carte pour effectuer un état des lieux. Cette anomalie dans le petit monde du Tactical s’explique par le fait qu’à chaque déplacement amorcé, le jeu passe en mode temps réel ; les ennemis et équipiers n’hésitent alors pas à faire feu sur le personnage en mouvement. Une planque révélé dès le début d'une partie n'aurait alors plus aucun intérêt, car facilement contournable. Cela dit, après avoir dégainé, le monde se fige autour de lui, afin de nous permettre d’ajuster au mieux l’ennemi. Comme dans tout bon jeu d’action qui se respecte, le headshot est d’ailleurs vivement conseillé pour abréger les affrontements. Plus classique en revanche, Valkyria Chronicles intègre à sa manière des classes de personnages, aux compétences propres, et à la mobilité bien définie. Les Scouts peuvent par exemple engloutir des centaines de mètres, mais se révèlent en revanche médiocres d’un point de vue offensif et défensif. Tout l’inverse des Shocktroopers. Les Lancers sont les seuls avec les tanks à pouvoir venir à bout de la carcasse de blindés, les Engineers sont d’un précieux secours pour retaper la carcasse du char en pleine bataille ou pour réapprovisionner les camarades en munitions, et enfin, les snipers sont comme chacun sait équipés d’un fusil à lunette plus ou moins efficace en fonction du degré d’intégrité de l’intelligence artificielle. Enfin, comme vous l’aurez certainement compris, il est également possible de diriger un tank, qu’il faudra d’ailleurs jalousement garder sous peine de voir la mission échouée. Pour en revenir à l’I.A., précisons que le jeu requiert des nerfs solides, et que perdre après une heure de jeu (ce qui correspond à la durée moyenne des missions) sur un de ses caprices pourra être rageant. Voir son blindé explosé suite à un seul tir ennemi alors qu’il était relativement bien protégé, ou ses troupes tombées par l’action d’un tank plus précis que nos snipers sont le genre d’incidents qui ont le don de faire rire jaune. Mais sans se décharger de toutes responsabilités, il faut reconnaître que le jeu est capable de se montrer coton à certains moments, surtout quand des événements changeant la physionomie des affrontements interviennent et mettent à mal notre formation initiale. Toute la stratégie passera alors par l’évacuation de ses morts dans les trois tours qui suivent leur trépas, sans quoi ils disparaissent purement et simplement de l’effectif, afin de solliciter les renforts adéquats. Les plus pressés peuvent avoir recours à la sauvegarde à tout moment dans la bataille.

 

Tactical-RPG 2.0

 

Bien décidé à se démarquer jusqu'au bout des ongles, Valkyria Chronicles innove également hors des champs de bataille. Là où la plupart des jeux font l'éloge de l'individualisme au moment de faire progresser ses troupes, le soft de SEGA prône le collectif en faisant évoluer l'intégralité d'un corps bien spécifique de l'armée. Comme vous pouvez l'imaginer, les points d'expérience sont donc collectifs, et doivent être répartis à l'issu des combats dans les métiers de notre choix. Une idée toute bête qui permet notamment aux allergiques de level-up d'avancer en toute sérénité, sans se soucier d'un éventuel retard à combler pour les habitués du banc de touche. Outre les questions de look, ce qui nous pousse alors à nous rabbatre sur un protagoniste plus qu'un autre sont ses affinités avec d'autres membres de la troupe qui permettent de déclencher plus facilement des attaques groupées, ou de bénéficier plus facilement des Potentials, sorte de capacités aussi bien positives que négatives (allergies, gêne en présence d'un certain type de partenaire, possibilité d'attaquer une seconde fois...) qui se déclenchent aléatoirement. Inutile de préciser que ces Potentials sont justement une seconde source de motivation au moment d'établir sa liste d'élus. A part ça, les XP permettent également de mettre la main sur de nouveaux ordres collectifs après un petit détour par le cimetière de la caserne. L'autre type de bénéfices que les combats nous concèdent est l'argent, qui permet d'upgrader l'équipement, le tank, de le customiser, ou encore de décrocher les derniers potins concernant son équipe. Bref, de quoi s'occuper longuement, d'autant qu'une pléthore de quêtes annexes se débloquent tout au long de l'aventure, et que les doublages japonais originaux ont été intégrés pour une plus grande immersion. Malheureusement, cette excellente initiative est appuyée par une localisation paresseuse, où la traduction française brille par son absence. Dommage.







Hung Nguyen

le mercredi 5 novembre 2008
16:50




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