En dehors d’une peu fameuse et libre adaptation sur Super NES sous le sobriquet de Castlevania : Vampire's Kiss, jamais Castlevania : Rondo of Blood n’avait eu la chance de briller aux yeux du monde. Castlevania : The Dracula X Chronicles lui permet aujourd’hui de rectifier le tir, afin qu’il impose la surpuissance de son level design old school aux côtés du second mythe de la série, Castlevania : Symphony of The Night. Sorte de Menu Best of Castlevania, l’UMD de Konami ne se contente pourtant pas seulement d’offrir au pixel près les deux œuvres originales (qui font d’ailleurs “seulement” office de bonus à débloquer), et propose pour mets principal un remake des aventures de Richter Belmont en 2,5D. Un peu à la manière d’un Arthur dans Ultimate Ghosts'n Goblins, notre héros se voit offrir un moteur 3D rappelant les plus belles heures de la PSone, afin de dépoussiérer son charisme et une mise en scène pourtant révolutionnaire en 1993. Modélisé avec soin, Richter délaisse dans ce revival son célèbre marcel bleu, pour une tenue bien plus classe et plus en accord avec les somptueux artworks créés pour l’occasion par Ayami Kojima. Les pseudo-séquences animées et l’arrivée des boss laissent place à quelques cut scenes plus actuelles ; tandis que la partie sonore a droit, elle aussi, à un petit coup de jeune, avec cerise sur le gâteau, la possibilité de choisir entre les doublages japonais et anglais. Champagne.
Simon says
Episode mythique s’il en est, Rondo of Blood n’en demeure pas moins, à l’instar de plusieurs de ses camarades, dépourvu d’un réel intérêt scénaristique s’il est pris indépendamment de la chronologie officielle de la saga. Peu importe après tout, ce n’est pas le propos ici, puisque Richter Belmont a apporté bien plus qu’un énième retour du comte Dracula et de son château ; il fut témoin des premiers balbutiements de la série qui aboutiront par la suite au modèle Metroid dans Castlevania : Symphony of The Night. Il fut le premier à voir se présenter des embranchements au sein des niveaux traversés, aptes à briser partiellement une linéarité propre aux jeux d’Action/Plateforme du début des années 90. Cette mini-révolution pour l’époque permettait, mine de rien, de rallonger significativement l’aventure en Transylvanie, d’autant qu’une bonne exploration de cette province roumaine constitue la condition sine qua non pour obtenir le véritable fin mot de l’histoire. Si une fois les premiers pas effectués on se rend compte que Konami disposait d’une certaine avance en termes de level design, le constat est tout autre pour ce qui est de la prise en main. Richter fait indéniablement partie de cette génération de héros pour lesquels leur courage et leur héroïsme n’avait d’égal que leur frustrante raideur. Qu’à cela ne tienne, puisqu’il s’agit d’un signe identitaire, véritable sceau de qualité chez les puristes, qui n’ont que faire de la multiplicité des artifices apportés dans les dernières moutures DS.
Notre homme a pour seul et fidèle allié son fouet, du début à la fin. Rondo of Blood nous impose donc une marge de manœuvre restreinte, typique des jeux de l’époque, avec notamment une gestion des sauts archaïque qui pourra clairement rebuter le néophyte. De même qu’il est impossible d’imprimer une orientation aux coups de fouet : on frappe à droite ou à gauche, point barre. Il est donc essentiel de se prémunir intelligemment de cette rigueur avec une des traditionnelles armes secondaires – poignards à lancer horizontalement, croix-boomerang, fioles d’eau bénite… –, afin de soulager sa peine. Car le gameplay rustique ne sera pas le seul élément contrariant dans la progression. Le game design dans sa globalité pourra rebuter, avec certains ennemis qui spawn à l’envie (les chauves-souris par exemples), ou une rareté des items de soin, que l’on pourra uniquement dénicher au détour d’un mur, ou d’un balcon à fracasser. Je vous laisse donc imaginer pour les vies supplémentaires… Heureusement, les moins persévérants pourront se tourner vers Maria, qui une fois débloquée, apportera un peu de souplesse à l’ensemble. Cependant, contourner le problème de cette manière reste regrettable, tant ces vieilles mécaniques contribuent à la difficulté et donc au plaisir de jeu. Stigmatiser la difficulté et se fermer à ces relents du siècle passé reviendraient à remettre en cause l’existence même de ce remake. En effet, comment savourer une telle offrande si elle est privée de son sel ?