Après un intermède Spider-Man : Allié ou Ennemi à l’ambiance résolument comics, les nouvelles aventures de l’homme-araignée renouent ici avec une approche beaucoup plus cinématographique. En conséquence, le gameplay reprend le concept de ville-ouverte auquel nous avons droit depuis que les cabrioles vidéoludiques de Spidey se calquent sur la trilogie de Sam Raimi. Spider-Man : Le Règne des Ombres nous propulse donc dans une représentation assez vaste de New York dans laquelle il devient vite grisant de se déplacer en se balançant de toile en toile, et où il est toujours question d’enchaîner des missions - pas toujours inspirées - afin d’arriver au pourquoi du comment d’un scénario totalement insipide. Mal mis en scène, le bébé de Shaba Games souffre en sus d’un manque total de rythme dans sa narration, et ce en dépit des possibilités que les développeurs lui ont offertes. Débarrassé de tout fil conducteur imposé par un quelconque long-métrage, cet opus offre pour principale originalité la possibilité de revêtir à tout moment le black suit infecté par la symbiote. Sans rentrer dans les détails, cet élément (que l’on doit comme vous pouvez vous en douter à une confrontation avec Venom), oblige Peter Parker à quelques cas de conscience à certains moments clés du jeu. Mais hormis deux-trois malheureuses lignes de dialogues mal doublées, agir en bon samaritain ou laisser rejaillir toute la cruauté canalisée par la face sombre de notre héros n’aura aucune incidence particulière sur la suite des événements, si bien qu’on en arrive à prendre nos décisions dans l’indifférence la plus générale. Dommage, car offrir une évolution bilatérale au personnage de Stan Lee aurait considérablement relevé l’intérêt du jeu.
Le Rouge, (le bleu) et le Noir
A défaut de pouvoir s’appuyer sur une histoire digne de ce nom, Spider-Man : Le Règne des Ombres tente au moins d’innover au niveau de son gameplay. Toujours articulé autour du changement libre et instantané de costume, celui-ci se veut résolument plus dynamique que les prouesses offertes dans Spider-Man 3. Chacune des faces de notre héros disposant de sa propre palette de mouvements (qu’il faudra garnir via un système d’expérience à redistribuer), on en vient très vite à chercher les combos dévastateurs qui demandent un changement de costume à la volée. Si les enchaînements de coups sont bien différents, on se tournera tout de même davantage du côté des différentes utilisations de la toile d’araignée afin de dénicher quelques excentricités dans l’exécution des ennemis. Lorsqu’il est en mode gentil garçon, Spidey est du genre à immobiliser sa cible, tandis que le côté obscur de la force lui permet d’agripper ses ennemis au loin afin de leur coller une bonne rouste, un peu comme Scorpion dans Mortal Kombat. Malheureusement, ces perspectives nouvelles se révèlent vite limitées, et les défauts inhérents aux jeux Spider-Man doté d’un monde ouvert n’ayant pas été gommés ici, le gameplay brouillon et approximatif du titre est rapidement mis en lumière. La gestion de la caméra se révèle en effet toujours aussi catastrophique, la vivacité nouvelle des affrontements n’y est pas étrangère, et pour peu que l’on se fasse attaquer pendant l’escalade d’un building, celle-ci perd alors tout contrôle, laissant les petites natures rendre le reste de leur déjeuner. D’un point de vue du game design, Spider-Man : Le Règne des Ombres est fondu dans le même moule que ses prédécesseurs, et se montre donc aussi répétitif après quelques heures de jeu. Les missions, aussi bien principales que secondaires, manquent de diversité, et se balancer d’un point A à un point B avant de venir à bout d’ennemis et de boss en tout genre aura tôt fait de briser la persévérance des moins exigeants. Heureusement, tourner en rond dans New York City ne relève pas de la corvée puisque le moteur graphique tient à peu près la route avec une réalisation qui bien que manquant de détails, assure l’essentiel pour un jeu se déroulant dans un environnement ouvert. Tout cela est d’autant plus appréciable que le frame rate est rarement pris en défaut.