Autant il est facile de succomber au charme d'une simulation automobile, autant il faut avoir de réelles prédispositions pour apprécier un titre basé sur les deux roues. Avant même de sortir des paillasses de Capcom, MotoGP 08 se retrouve donc confronté aux douloureuses lois du marché, où les obligations de résultats décident généralement du sort d'une licence. C'est sans doute pour cette raison que THQ et Namco ont préféré abandonner une franchise qui ne lui rapportait pas beaucoup, du moins pas suffisamment pour venir gonfler considérablement son chiffre d'affaires. Désormais entre les mains de la firme nippone, MotoGP 08 part sur les mêmes bases que son prédécesseur sur Xbox 360, à savoir une réalisation moyenne, pas éblouissante, mais qui a le mérite d'être un peu plus séduisante que celle de SBK-08 : Superbike World Championship. Après une version 2007 hésitante, cette nouvelle itération se montre beaucoup plus doué avec des motos plutôt réussies, des pilotes aux genoux moins carrés, et une animation toujours aussi fluide, renforcée cela dit par des environnements qui n'ont pas réellement gagné en détails. Les variations climatiques ont également été prises en compte, et il faut reconnaître que les gouttes d'eau qui viennent s'écraser sur l'écran font toujours leur petit effet. Finalement, l'absence des dégâts empêche MotoGP 08 d'atteindre un niveau de réalisme visuel convaincant. Au pire la bécane morflera avec quelques rayures sur sa carrosserie et des bris de glace que l'assurance prendra en charge, rien de plus. Même après un gros choc, le pilote n'ira aucun mal à repartir à la chasse de la première place, ce qui fait un peu désordre à l'heure où les joueurs réclament des courses hautement plus techniques.
C'est grave, Doctor ?
MotoGP 08 dispose pourtant de trois types de prise en main censés combler toutes les exigences : arcade, avancé, simulation. En pilotage arcade, le joueur devra essentiellement se concentrer sur l'accélération et le freinage, en prenant la meilleure trajectoire possible sans même se soucier de l'équilibre de la moto. Une notion qui est introduite en douceur en avancé, où d'autres subtilités supplémentaires ajoutent du piment aux courses. On pense notamment aux chocs capables de faire chuter le pilote de sa monture, ou bien au freinage qu'il faut doser afin de conserver une tenue de route optimale. C'est en simulation que MotoGP 08 est le plus délicat à maîtriser, un défi que les passionnés de la discipline n'hésiteront pas à relever. Chaque accélération violente est susceptible de faire vriller la roue arrière, tandis qu'il faudra faire preuve de skill pour entrer et sortir proprement de chaque courbe. Au risque de verser dans le sadisme, c'est un véritable régal de rechercher le parfait équilibre de sa bécane même si le challenge peut sembler insurmontable par moments. D'où la nécessité de passer par le didacticiel qui permet de se familiariser avec tous les vices de MotoGP 08. Toujours est-il que le jeu n'est pas aussi pointilleux que SBK-08 : Superbike World Championship en ce qui concerne les réglages, et il ne faudra pas s'attendre à pouvoir bidouiller la tension de la chaine, la boîte ou bien encore les freins. Le mécanicien en herbe pourra juste intervenir sur la direction, la vitesse et les suspensions de la machine. On se retrouve du coup archi-limité dans ses choix, ce qui est assez frustrant lorsque l'on est persuadé d'avoir donné le meilleur de soi-même sur la piste face à une I.A. qui ne laisse pas forcément faire. Que ce soit en arcade, en avancé ou en simulation, il faut cravacher sérieusement pour revenir sur ses adversaires, ou creuser un écart conséquent lorsque l'on se trouve en tête de la course. Les concurrents ne se laissent pas larguer en une seule accélération, et se permettent même de porter quelques attaques sans s'excuser.
Au risque de verser dans le sadisme, c'est un véritable régal de rechercher le parfait équilibre de sa bécane même si le challenge peut sembler insurmontable par moments."
Le contenu de MotoGP 08 assure l'essentiel, à savoir la présence de toutes les écuries officielles des catégories 125cc, 250cc et MotoGP - Yamaha Tech 3, Ducati, Suzuki, Kawasaki par exemple -, des pilotes naturellement - Valentino Rossi, Casey Stoner, Dani Pedrosa, Marco Melandri, Loris Capirossi, Nicky Hayden pour les plus connus -, et des circuits répartis aux quatre coins de la planète. Pas de surprise donc, si ce n'est la possibilité de jeter un coup d'oeil aux classes inférieures nettement moins médiatisées, sauf lorsqu'un pilote français parvient à réaliser un miracle. Plus sérieusement, il est possible de mener sa propre carrière qui s'étale sur plusieurs saisons. Pour espérer goûter à la catégorie suprême, le newbie devra d'abord se faire les dents en 125 et en 250cc. Bien vu. Bien vu également les Points d'Evolution que l'on récolte à la fin de chaque course - à condition d'être bien placé au classement -, et qui permettent d'améliorer le rendement de sa bécane sur quatre points précis : vitesse max, freinage, accélération, direction. Hormis le mode Carrière, on peut aussi se lancer dans un Championnat on ne peut plus classique, ou bien tenter sa chance dans un Contre-La-Montre pour claquer quelques records. Sinon, les Défis sont là pour tenter de varier les plaisirs : il s'agira alors d'accomplir un certain nombre de tâches dans des conditions de course définies. Enfin, on ajoutera quelques syllabes sur l'ambiance sonore de MotoGP 08 qui est de bonne facture, surtout concernant le rugissement des moteurs qui change d'une catégorie à une autre. Ce qui permet de masquer les thèmes musicaux un brin répétitives.