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Test également disponible sur : Wii

Test MADWORLD

Test MADWORLD
La Note
15 20

Avec sa plastique extrême, sa violence graphique outrancière, son humour bas du front et son univers bourré de clins d'œil, MADWORLD est une véritable réussite formelle, dont on saluera encore longtemps les audaces. Beat'em all recyclant des vieilles idées de fort belle manière, le titre de SEGA déçoit néanmoins par quelques  défauts qui rendent le jeu répétitif (voire même monotone) et ce malgré une très faible durée de vie. De ce fait, difficile d'affirmer que ce titre dispose d’une bonne replay-value qui poussera le joueur à retenter l'aventure une seconde fois, même dans un mode de difficulté plus extrême, débloqué une fois le jeu terminé. Un comble pour un beat’em all ! MADWORLD demeure un one shot percutant qui vaut surtout pour quelques fulgurances et bonnes trouvailles, comme par exemple les boss de fin de niveau tout simplement géniaux. Pas la claque escomptée, mais un produit diablement efficace.


Les plus
  • Jack Cayman is the man
  • Une ambiance Sin City qui défrise
  • Des boss ultra charismatiques
  • Bande-son hip-hop d'enfer
  • Maniabilité instinctive
  • Le running-gag du Black Baron
  • Cinq îles à l'univers totalement différent
  • Violence graphique bien trash
  • Les commentaires qui apportent une touche d'humour
  • Les Bloodbath Challenge
Les moins
  • 5 heures seulement pour terminer le jeu
  • Caméra capricieuse
  • Des ennemis un peu trop amorphes
  • Manque de challenge évident
  • Très répétitif
  • Pas toujours jouissif
  • Niveaux à moto sous-exploités


Le Test

Comme on le dit souvent, un miracle n'arrive jamais seul. Quelques semaines après The House of the Dead : Overkill, voici qu'un deuxième jeu labellisé 18+ (et accessoirement aussi édité par SEGA) débarque sur Wii, nous rappelant au passage que la console de salon de Nintendo peut servir à autre chose qu'à faire du fitness. MADWORLD, c'est son titre, œuvre dont le hype n’a cessé de croître depuis sa présentation au dernier E3, déboule donc ce mois-ci avec une réputation sulfureuse de défouloir gorissime et ultra bourrin à l'audace graphique extrême et affirmée. Après nos deux previews, voici donc l'heure du test complet de ce jeu qui risque de faire couler beaucoup d'encre... et de sang ! 


SEGA aurait-il pour objectif de débrider l'image bien lisse de la Wii ? La question se pose, puisqu'après The House of the Dead : Overkill, l'éditeur nippon nous gratifie – pour la deuxième fois en un mois – d'un jeu qui vient faire taire ceux qui pensaient que cette console n'était pas à mettre entre les mains des plus de 12 ans. Ce deuxième titre, c'est MADWORLD, développé par Platinum Games (Bayonetta), beat'em all ultra violent plongeant le joueur dans un univers graphique proche des graphic novel Sin City de Franck Miller. Avec son esthétique noir & blanc ultra contrasté, ses décors urbains insalubres et ses personnages désemparés (à l'image de Jack Cayman, le héros du jeu. Un croisement entre le Marv' de Sin City et le Hellboy de Mike Mignolia), MADWORLD fait dans le sombre. Le glauque même. Une ambiance immédiatement prenante au cachet unique, dont le jusqu'auboutisme et l'audace nous avaient déjà séduits avant même d'avoir la manette en main. Mais offrir un jeu bourrin et violent, c'est sympa, encore faut-il que le soft tienne la route sur la longueur. Et si nous ne nous faisions aucun souci en ce qui concernait le côté gore et adulte de MADWORLD, ce dernier se devait d'être à la hauteur de nos espérances, en se montrant le plus jouissif et le plus fun possible.

 

"Oh, baby, baby, it's a Mad World"

 

Conscient que les attentes des gamers volent un peu plus haut que la simple envie de faire couler du sang à foison, Platinum Games a eu la bonne idée de ne pas cantonner son titre à une histoire cliché et passe-partout de petite sœur kidnappée, ou de vengeance de la mort de papa, comme on en a tellement vu dans les beat'em all. Avec son scénario mêlant dénonciation de la course à l'audimat, peur du terrorisme, histoire de rédemption, attaque bactériologique et manipulations financières, MADWORLD n'est certainement pas un monument de finesse et de complexité, mais arrive néanmoins à captiver le joueur, ne serait-ce qu'en laissant planer le suspense sur l'identité du super méchant qui fera office de boss de fin de jeu (et là, la surprise est de taille !). Le résultat est sans équivoque : on a envie d'avancer le plus vite possible dans les quelques 14 niveaux dispersés dans les cinq environnements différents que propose le jeu (rues Sin City-esques, quartier chinois blindés de méchants tous droits sortis d'un épisode de Ken le survivant, manoir hanté façon vieux film de la Hammer, base militaire high-tech et casino). Un atout de taille non négligeable, qui vient hélas équilibrer un des gros points faibles du titre : sa monotonie et son incapacité à se montrer jouissif de bout en bout. En effet, malgré des efforts énormes effectués sur le gameplay et le level design, on ne peut que dresser ce constat accablant : on a vite l'impression de faire toujours la même chose dans MADWORLD. Certes les possibilités de maltraitance des ennemis sont vastes (on charcute, on explose, on broie, on coupe en deux, on arrache le cœur, on enfonce sur des piquets, on écrase la tête, le tout dans un déluge de sang et de membres arrachés que n'aurait pas renié un Peter Jackson a ses débuts). Certes quelques armes (batte cloutée, club de golf, katana...) viennent parfois apporter un peu de folie au gameplay. Mais une fois qu'on aura tout découvert, on ne prendra plus trop de plaisir à ce défouraillage de masse. Et là où The House of the Dead : Overkill nous permettait d’esquisser un "Oh yeah !" de satisfaction après chaque zombie tué, chaque exécution dans MADWORLD nous laisse indifférent. La faute essentiellement à un système de jeu pas forcément excitant, qui nous pousse à massacrer les ennemis à la chaîne, jusqu'à avoir atteint un certain nombre de points qui viennent débloquer les boss de milieu et de fin de niveau. Les maps de ces derniers étant plutôt restreintes, on se retrouve vite à tourner en rond, en attendant les vagues successives d'ennemis qui viendront faire grimper notre compteur. Et vu que ces derniers ne se montrent guère dangereux (ils attendent souvent bien sagement de se faire étriper sans rien faire), le challenge s'avère vite répétitif.

 

MADWORLD lorgne dans le old school. Une fois face aux super vilains, vous devez les observer, apprendre leurs patterns, trouver leurs points faibles et jaillir au moment opportun pour leur assener le petit coup qui fait mal."

 

Fort heureusement, et sans doute pour pallier à ce problème, on trouvera ça et là des niveaux à moto (au nombre de deux, fun mais sous-exploités) ainsi que quelques mini-jeux bien débiles (les Bloodbath challenge) qui viennent apporter un peu de fraîcheur dans le déroulement des missions. Ces défis sont simples : vous aurez un temps imparti pour tuer un maximum de méchants, en les envoyant au choix sur une cible à fléchettes, dans des canons à feu d'artifice, dans un ventilateur géant, sous un presse-purée de 5 mètres de haut, etc. Ces épreuves sont d'ailleurs accessibles en multijoueur une fois le niveau accompli, histoire de se tirer la bourre entre potes. Un bon moyen de se replonger dans le jeu qui, on l'avoue, nous à laisser un peu sur notre faim avec sa durée de vite très faible (moins de 5 heures de jeu !) et son manque de difficulté flagrant (pas de Game Over définitif, vous arriverez toujours à récupérer des vies). Mais tout cela est bien vite oublié dès lors que l'on se retrouve face à un boss (ou à un sous-boss), aussi nombreux qu'il y a de niveaux dans le jeu (quatorze donc). Le fait de les affronter (et accessoirement de les vaincre) fera grimper votre niveau dans le classement des combattants du Deathmatch, jeu télévisé qui suit votre périple et retransmet vos exploits sanglants à la populace. Et pour devenir number one, il n'y aura pas 36 solutions : vous devrez tuer tous les autres. Pour ce faire, MADWORLD lorgne dans le old school. Une fois face aux super vilains, vous devez les observer, apprendre leurs patterns, trouver leurs points faibles et jaillir au moment opportun pour leur assener le petit coup qui fait mal. Après un certain nombre d'entailles, et si vous avez le bon timing, une séquence QTE débutera alors, vous permettant – en cas de réussite – de faire de gros dommages à votre adversaire. Enfin, cerise sur le gâteau, vous aurez la possibilité de les achever une fois le combat terminé, en se servant de leurs armes (généralement de grosses machines infernales) pour les retourner contre eux. Ces combats, qui peuvent durer de très longues minutes et qui mettront à mal vos petits bras musclés (surtout lorsqu'il vous faudra secouer comme un dingue le Nunchunk et la Wiimote pendant 30 secondes), représentent l'un des gros points forts du jeu et méritent à eux seuls de se pencher sur MADWORLD. Une qualité qui nous permet de rapprocher ce titre d'une lignée de titres un peu plus ancienne, qui fit le bonheur des joueurs dans les années 90. Parcourir des ruelles mal famées, pleines de punks à crêtes dopés aux hormones, dont le seul but est d'organiser un rendez-vous galant entre le bitume et vos prémolaires, affronter des boss délirants dont il vous faudra trouver le point faible pour les battre, exploser le tout à grand coups de barre à mine et de bidons en métal rouillé, tout ceci ne vous rappelle pas les aventures d’Adam, Alex et Blaze (non ce n'est pas un boys band) dans la mythique saga Street of Rage ?  Nous si. Et on adore, surtout lorsque MADWORLD va jusqu'à offrir un sacro-saint elevator level (niveau se situant uniquement sur un ascenseur dans lequel le joueur devra ré-affronter quelques boss croisés au cours de son périple) dans son ultime partie. Du old school pure souche qui a ravi les joueurs nostalgiques que nous sommes. 

 

"Attention chérie, ça va couper"

 

En plus de son background sombre, MADWORLD dispose aussi et surtout d'une réalisation globale très soignée. Les graphismes tout d'abord, se montrent vraiment très détaillés et utilisent à bloc toutes les capacités de la Wii, en proposant des personnages parfaitement modélisés et animés ainsi que des décors fouillés (le niveau du casino est assez impressionnant de ce point de vue d'ailleurs). Conséquence : des ralentissements se mettent alors à plomber l’ambiance s'il y a un nombre trop élevé d'ennemis à l'écran. Rien de comparable néanmoins avec ceux de The House of the Dead : Overkill. Côté maniabilité, on notera un gros effort de la part de Platinum Games qui a réussi à utiliser les points forts de la console (sa manette) pour rendre l'expérience MADWORLD aussi physique que sensorielle. Vous pourrez donc cogner vos ennemis soit en vous servant des boutons A (coups de poing) et B (coup de tronçonneuse), soit en agitant la Wiimote de bas en haut ou de gauche à droite (et avec les armes secondaires, vous découvrirez une nouvelle gamme de coup). Lorsqu'un ennemi est à terre, vous aurez le loisir de lui porter un coup de grâce avec une vaste gamme de QTE, utilisant parfaitement le capteur de mouvements de votre télécommande (du simple coup de poignet au gros 360°). Le tout se fait de manière forte instinctive, et grâce à un excellent tutorial en début de jeu, le joueur saura parfaitement contrôler Jack en un rien de temps. On aurait certes souhaité quelques possibilités de gameplay supplémentaires (comme par exemple pouvoir taper un ennemi que se trouve derrière soi), mais nous ne pouvons que nous incliner face à la prise en main rapide et efficace du jeu. Seul bémol dans tout ça, la gestion de la caméra parfois hasardeuse avec un système de "lock" pas très bien pensé et qui nous joue souvent des tours. Enfin, nous avons été conquis (et le mot est faible) par l'énorme bande-son du jeu, mélange musclé de hip-hop/fusion/funk/horror-core, qui révèle des talents tels que Ox, Doujah Raze, Sick YG, Bandy Leggz, Wordsmith, S.O.U.L. Purpose ou encore Optimus. Pour les petits curieux, ils possèdent tous une page Myspace ! Avis donc aux intéressés.

 

Lorsqu'un ennemi est à terre, vous aurez le loisir de lui porter un coup de grâce avec une vaste gamme de QTE, utilisant parfaitement le capteur de mouvements de votre télécommande."

Un mot enfin sur la violence du jeu. Comme souvent dans pareil cas, MADWORLD risque de faire parler de lui dans les cercles bien pensants qui osent encore affirmer que le jeu vidéo est responsable de bien des maux de la société. A l'instar de The House of the Dead : Overkill (et son Guinness World Record du jeu vidéo contenant le plus de fois le mot "Fuck", 187 en tout), MADWORLD est à prendre au second degré. Car si la violence est outrageusement présente à l'écran (le rouge sang ressortant complètement dans cet univers bi-chrome), elle est loin d'être dérangeante, malveillante ou sournoisement dissimulée derrière un concept putassier. Le titre de SEGA, en assumant pleinement son statut de défouloir, est à ranger dans une catégorie du slapstick, pas plus méchant et dérangeant que fut Doom à son époque (ou Braindead par exemple, pour prendre un exemple sur un autre médium). D'ailleurs, les développeurs ont eu la bonne idée de donner une grosse dose d'auto-dérision à leur affaire, en proposant un duo de commentateurs venant lancer des blagues potaches à chaque action de Jack. Ca ne vole jamais haut, c'est souvent pas très fin, voire carrément vulgaire par moment, mais ça a le mérite de donner le ton à ce qu'est véritablement MADWORLD, à savoir un beat'em all bourrin qui n'a d'autre prétention que celle d'amuser en cassant du méchant. Rien de subversif donc…






Pierre Delorme

le mercredi 18 mars 2009
18:45




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