Faisant partie des grands pas franchis par le Squaresoft de l'époque dans l'évolution de sa série, Final Fantasy IV a apporté une maturité relative dans la manière de raconter une histoire, a participé à créer du lien entre des thèmes musicaux et des événements, et a inauguré le fameux système ATB (Active Time Battle). Une somme de concepts parfaitement maîtrisés, ensuite, dans Final Fantasy VI. Porté par un scénario bien mené et offrant de vraies montées en puissance, Final Fantasy IV était également soutenu par un casting fort, avec des personnages marquants comme Cecil, Kain, ou encore Golbez. Véritable concentré de nostalgie, le jeu ne manque pas une occasion de se déverser dans la mémoire des joueurs ayant goûté à ses premières versions il y a déjà un bon paquet d'années. Un sentiment agréable de se replonger dans quelque chose de rôdé et de chaleureux, qui ne retire pourtant pas l'aspect très opportuniste de cette dernière variation. Dans une volonté de retour aux fondamentaux qui passe par la 2D, l'épisode original de cette compilation Final Fantasy IV : The Complete Collection perd donc son doublage initié dans l'opus DS, et se voit affublé d'un lifting relativement discutable. Si l'univers reste évidemment enchanteur, le chara-design retravaillé et les nouveaux sprites se montrent étonnamment grossiers, notamment durant les combats. Un constat qui s'applique également aux épisodes Interlude et Les Années Suivantes, ce dernier arc possédant sûrement la palme du héros "acharismatique". Un travail qui contraste avec celui de Square Enix sur d'autres remakes, tels que Sword of Mana par exemple qui sublimait littéralement l'original, tout du moins d'un point de vue visuel. Un rendu surprenant, d'autant que les effets des divers sorts et l'apparence des monstres se montrent, eux, plutôt convaincants.
"Véritable concentré de nostalgie, le jeu ne manque pas une occasion de se déverser dans la mémoire des joueurs ayant goûté à ses premières versions il y a déjà un bon paquet d'années."
Outre l'esthétique dont l'appréciation variera sûrement selon les joueurs, l'autre problème prend racine au sein même des divers chapitres qui composent Les Années Suivantes. En effet, d'une qualité moindre dans son écriture, cette suite a du mal à trouver une vraie légitimé en dehors du lien nostalgique qui l'unit à Final Fantasy IV, et des divers caméos. Se laissant tout de même suivre et comprenant quelques rebondissements assez bien vus, elle prend davantage la forme d'un gros plus style fanfic, que d'une continuité travaillée et mûrement réfléchie. Son intérêt repose plutôt dans son système de combat qui prend en compte l'influence de la Lune, ce qui oblige le joueur à adapter sa stratégie en fonction du cycle de cette dernière. De même, l'ajout d'attaques en coopération permet de déclencher des coups puissants si les deux personnages concernés ont des liens étroits entre eux, le tout en sacrifiant quasiment un tour d'action. Deux principes intéressants qui donnent au joueur une nouvelle dimension de jeu sur des bases déjà bien ancrées. L'épisode Interlude agit, quant à lui, en tant que simple transition et s'étend sur un peu moins de huit heures. D'ailleurs, ces dernières sont loin d'être passionnantes, l'histoire se révélant particulièrement poussive. Au final, Final Fantasy IV : The Complete Collection vaut davantage pour son côté compilation ultime avec des options tout confort – comme le fait de pouvoir passer des musiques originales aux réorchestrées n'importe quand – que pour ses qualités globales. Si le jeu est l'occasion idéale de découvrir l'un des titres majeurs du genre J-RPG accompagné de sa suite, le tout à un prix très raisonnable, les choix opérés sur cette compilation risquent toutefois de tenir certains amateurs éloignés. Là où Tactics Ogre : Let Us Cling Together s'est détaché du visuel pour retravailler ses fondations avec une rare intelligence, Final Fantasy IV : The Complete Collection est, lui, nettement plus pépère, regardant vers un passé toujours glorieux mais sans surprise.